Il y a une semaine, les allemands ont voté pour leur nouveau gouvernement. Et il sera nouveau: Après 16 ans, Madame Merkel ne s’est plus représentée, et il paraît que, pour la première fois depuis des lustres, son partie, les Conservateurs (CDU/CSU) ne sera plus au gouvernement. De plus, tout fait penser qu’on aura bientôt une coalition tripartite sociaux-démocrates (SPD, centre-gauche), Verts (verts comme p.ex. Jadot en France) et Libéraux (FDP, centre-droit) – inédit.
Pourquoi les vainqueurs, le SPD, ne peuvent-ils pas gouverner seuls, vous vous demandez? La réponse est simple: Parce que, en Allemagne, on a le vote proportionnel, tout-à-fait contraire au vote pour la majorité relative en France. Ce qui veut dire que
- tous les partis sont représentés au Parlement selon le nombre des votes reçus, et qu’il n’existe pas de „bonus“ pour le vainqueur, et
- que chaque gouvernement (à tous les niveaux) cherche à s’appuyer sur la majorité absolue des sièges.
Par conséquent, des partis si divers que les Verts et les Libéraux (sans lesquels le SPD n’aura pas cette majorité) doivent s’entendre pour à la fin faire coalition avec le SPD, après des négociations certainement très difficiles, et signer et exécuter un „Programme du Gouvernement“ pour les 4 années à venir.
Un exemple: Les Verts cherchent à financer le passage vers une CO2-neutralité par la taxation et des lois plus sévères – alors que les Libéraux n’en veulent pas du tout, car ils misent sur l’auto-régulation du marché et de l’économie. Un point dur pour les trois…
Pourquoi, vous demanderez maintenant, une telle complication, une perte d’énergie et de temps? Et une „dilution“ des programmes de chaque parti afin d’arriver à des compromis pour convenir ce Programme commun?
Là aussi, la réponse est que le système allemand (et la volonté des allemands) veulent que leur gouvernement soit stable car se basant sur une vraie majorité des citoyens. Un résultat, comme en France, qu’on peut gouverner (à tous les niveau) avec une majorité relative, donc très souvent une minorité des voix, serait impensable. Bon, on paye le prix de devoir passer par des longues et difficiles négociations avec ceux qu’on avait combattu avant. Mais par après, la majorité des allemands se sentira représentée par „leurs“ partis respectifs au gouvernement – ce qui crée une plus grande adhésion et acceptation et évite le „I didn’t vote for you“ (voir notre dernier Blog).
A vous de voir quel système vous convient mieux; mais quand-même, encore trois petits points:
- La participation à ces élections était de 76,6% – pas mal, eh?
- La droite extrème populiste a perdu des voix: Ils sont toujours à 10,3%, mais leur sujet de prédilection, l’immigration, était pratiquement inexistant dans la campagne. Du reste, il n’avaient pas grande chose à dire. Pourtant, en respectant la règle de la proportionnelle, ils seront représentés au Parlement avec 83 sièges sur 735: Pas beau, mais logique…
- Dans sa campagne il y a trois ans, M. Macron avait promis d’injecter une bonne prise de proportionnelle dans le scrutin. Alors, il semble que, lui aussi, il trouve du bon dans cette méthode. Peut-être qu’il le fera la prochaine fois?